Le président malgache Andry Rajoelina aurait quitté Madagascar dimanche, selon plusieurs sources concordantes, alors que le pays traverse une grave crise politique marquée par des manifestations massives et la perte du soutien d’une partie de l’armée.
La nouvelle du départ du chef de l’État a été confirmée lundi par le chef de l’opposition, Siteny Randrianasoloniaiko, qui a déclaré à l’agence Reuters avoir obtenu la confirmation auprès du personnel de la présidence. « Le président a quitté le pays. Nous avons appelé le personnel de la présidence et ils ont confirmé son départ », a-t-il affirmé, ajoutant qu’on ignorait pour l’heure où se trouvait M. Rajoelina.
Selon Radio France internationale (RFI), le président aurait été évacué vers la France à bord d’un avion militaire français, dans le cadre d’un accord conclu avec le président Emmanuel Macron. Une information non confirmée officiellement par Paris, alors que l’ambassade de France à Antananarivo a démenti toute intervention militaire sur le territoire malgache.
Le départ présumé de M. Rajoelina intervient après qu’il a perdu le soutien d’une unité clé de l’armée, le CAPSAT (Centre d’administration du personnel des armées), qui avait pourtant joué un rôle déterminant dans son accession au pouvoir lors du coup d’État de 2009.
Samedi, cette unité militaire a apporté son soutien aux manifestations antigouvernementales et a installé un nouveau chef militaire, un geste qualifié par le président de « tentative de prise de pouvoir illégale ».
Un discours annoncé ce soir
Alors que son emplacement exact reste inconnu, le bureau de la présidence a annoncé que le président Rajoelina s’adresserait à la nation lundi à 19 heures (16 h GMT). Ce discours, s’il a bien lieu, devrait permettre d’éclaircir les nombreuses zones d’ombre entourant son départ et de déterminer s’il s’agit d’une fuite ou d’une mesure temporaire dans le cadre de négociations politiques.
Des manifestations massives depuis fin septembre
Depuis le 25 septembre, de nombreuses villes du pays sont secouées par des manifestations menées principalement par des jeunes, dénonçant les pénuries d’eau et d’électricité, la corruption et la pauvreté persistante.
Ces protestations, parfois violemment réprimées, ont fait au moins 20 morts, selon des chiffres de l’ONU. Les autorités malgaches n’ont pas publié de bilan officiel.
Face à la pression de la rue, le président Rajoelina avait annoncé un remaniement gouvernemental, avec la dissolution du cabinet et la nomination d’un nouveau Premier ministre. Mais ces mesures n’ont pas suffi à calmer la colère populaire.
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