En l’espace d’une semaine, un nom jusque-là méconnu des Malgaches s’est imposé au sommet de l’État. Le colonel Michael Randrianirina, 51 ans, a prêté serment le vendredi 17 octobre en tant que Président de la Refondation de la République de Madagascar, mettant fin au régime d’Andry Rajoelina.
Cet officier de carrière, originaire de la région d’Androy dans le sud du pays, est désormais à la tête d’une transition qu’il promet « courte, inclusive et tournée vers la refondation nationale ».
Un militaire du terrain devenu chef d’État
Diplômé de l’Académie militaire d’Antsirabe, Michael Randrianirina a longtemps servi dans l’armée malgache avant d’occuper le poste de gouverneur d’Androy entre 2016 et 2018, sous la présidence d’Hery Rajaonarimampianina. Il s’est ensuite illustré comme commandant d’un bataillon d’infanterie à Toliara, puis à la tête de l’unité d’élite CAPSAT, pilier des forces armées malgaches.
Peu médiatisé, Randrianirina s’était fait remarquer ces dernières années par ses prises de position critiques à l’égard du président Andry Rajoelina, qu’il accusait de dérive autoritaire et de mauvaise gouvernance.
De la prison à la présidence
En novembre 2023, il avait été arrêté pour “incitation à la mutinerie” et atteinte à la sûreté de l’État, et incarcéré à la prison de Tsiafahy, tristement célèbre pour ses conditions de détention. Libéré en février 2024 après une peine avec sursis, le colonel n’avait pas retrouvé de poste de commandement.
Le coup de force du CAPSAT
Le 12 octobre 2025, alors que les manifestations contre les coupures d’électricité et la vie chère secouaient la capitale, des éléments du CAPSAT ont quitté leur caserne pour rejoindre les protestataires. À leur tête, le colonel Randrianirina, aperçu au volant d’un véhicule blindé au cœur de la foule.
En quelques heures, la révolte militaire a renversé le rapport de force. Tandis que le président Rajoelina quittait discrètement le pays, les insurgés prenaient le contrôle du palais présidentiel. Le 14 octobre, la Haute Cour constitutionnelle a confirmé Michael Randrianirina comme président par intérim, à la tête d’un Conseil de la présidence pour la refondation de la République.
Un discours de rupture
Lors de sa prestation de serment, le nouveau chef de l’État a promis un « tournant historique » et s’est engagé à « rompre avec le passé ». Il a remercié la jeunesse malgache, notamment les manifestants de la “génération Z”, pour leur mobilisation, et a fixé trois priorités immédiates : une enquête sur la gestion de la société d’eau et d’électricité Jirama ; la relance de la riziculture ; et la formation d’un gouvernement de transition.
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