L’ambassade de la République tchèque à Accra, en partenariat avec Afripoli, a organisé ce mercredi 3 septembre 2025 une conférence-débat au Noom Hôtel, à Abidjan-Plateau, autour du thème :« L’Europe et l’Afrique face à la guerre en Ukraine et aux rivalités géopolitiques : destins interdépendants ».
Cet échange, qui a duré plus de quatre heures, s’inscrit dans un contexte où la guerre en Ukraine, déclenchée par la Russie, dépasse largement le cadre européen. Hausse des prix, pressions migratoires, fragilités politiques : les répercussions se font sentir jusque sur le continent africain. L’instabilité persistante au Sahel en est un exemple, rappelant que les mêmes acteurs influencent les dynamiques de part et d’autre de la Méditerranée.
La rencontre a permis aux conférenciers et experts d’analyser ces interdépendances et de proposer des pistes de réflexion pour une réponse commune.
Dr Gulplé Gérard Eddie, docteur en sciences politiques (Université Lyon III) et enseignant-chercheur à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, a rappelé que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », citant Clausewitz. Il a retracé l’évolution des relations internationales, de la formation des alliances au 18ᵉ siècle jusqu’au retour du spectre de la guerre en Europe en 2022, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il a souligné que, malgré la distance géographique, l’Afrique n’est pas isolée de ce conflit. “La mondialisation des échanges rend le continent partie prenante de ces tensions, notamment à travers les marchés agricoles, les matières premières et les alliances stratégiques”.
Pour Arthur Banga, historien des relations internationales et maître de conférences à l’Université Houphouët-Boigny, la guerre a eu un effet de « mondialisation des peurs ». Il a relevé plusieurs conséquences à savoir l’inflation mondiale, la hausse des prix des denrées alimentaires, notamment du blé et des engrais, a “fortement impacté les économies africaines”.
Concernant la question migratoire, il a souligné que la gestion des réfugiés ukrainiens en Europe a suscité un sentiment d’injustice dans plusieurs pays africains, où les migrants africains ne bénéficient pas des mêmes facilités. S’agissant de la nouvelle dynamique géopolitique, il a affirmé que l’Afrique occupe désormais une place centrale dans les relations internationales, avec des pays comme la Turquie ou l’Afrique du Sud qui “s’affirment sur la scène mondiale”.
Les intervenants ont aussi abordé la montée en puissance de la désinformation liée au conflit, en particulier en Afrique, où les campagnes d’influence ont quadruplé entre 2022 et 2023. Pour Dr Banga, l’Europe doit repenser sa relation avec l’Afrique : « L’opinion publique africaine n’est pas un élément secondaire. Il faut travailler sur des projets concrets économiques, sociaux, éducatifs pour renforcer des partenariats gagnant-gagnant, plutôt que de rester sur une lecture purement sécuritaire ou géopolitique. »
M. Vojtěch Bílý, Regional Manager d’Afripoli Ouest, a rappelé que la République tchèque, pays hautement industrialisé, souhaite développer des partenariats stratégiques avec l’Afrique dans des domaines technologiques de pointe, sans posture néocoloniale : « Nous voulons une relation gagnant-gagnant entre les États africains et la République tchèque. »
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